Matthew Mitcham

Souriant et décontracté, Matthew Mitcham est un garçon discret ne faisant rien pour qu’on le remarque… et pourtant on ne voit que lui ! Médaillé olympique ayant remporté l’or en 2008 dans la catégorie plongeon de haut vol (10 mètres) à Pékin en battant le favori chinois, il est devenu par là même le premier sportif de très haut niveau à n’avoir jamais rien caché de son homosexualité. Ce champion australien de vingt-deux ans s’exprime dans un excellent français appris sur les bancs de l’école. Interview exclusive de celui que nous avons rencontré à Cologne où il était l’ambassadeur des Gay Games, certainement le plus sexy de tous les temps !

Faire son coming-out dans le sport n’a rien d’évident. Le tien s’est fait facilement ?

Oui, toutes les personnes qui sont proches de moi, ma famille et mes amis savaient déjà que j’étais gay et cela ne posait aucun problème. Le coming-out, c’était seulement pour les médias. Dans mon domaine, le plongeon, ce n’est pas trop difficile comme sport artistique. J’ai conscience que ça devient moins évident dans le foot, par exemple, où il y a, et c’est triste, une mentalité « macho » pesante.

Cette décision a-t-elle eu des répercussions sur ta carrière ?

Effectivement, cela a eu quelques conséquences. Mais il était impossible pour moi de tricher : j’ai toujours ressenti le besoin d’être honnête avec moi-même et avec les autres. Je ne pouvais pas cacher que je vivais avec un garçon. Ceci dit, quand on s’assume, qu’on n’est pas trop mauvais dans ce que l’on fait, on finit toujours par trouver des soutiens. D’ailleurs aujourd’hui, j’ai cinq sponsors qui n’ont pas peur du fait que je sois gay. Tout se passe très bien avec eux.

Il faut aussi gérer la notoriété et les rapports avec les médias ?

Ce n’est pas trop difficile car les rapports avec la presse, pour moi, sont toujours agréables. De plus, j’aime que les personnes me voient comme une personne un peu à part. Je ne le suis pas mais peu importe (rires) ! Ce qui est moins évident, c’est cette impression de devenir une sorte de « modèle ». Du coup, je ressens une certaine responsabilité que j’assume aussi. Au-delà de mes défauts, j’essaie de faire les choses bien, d’être une personne souriante, positive. Je le fais très volontiers car à mes yeux, il est important que l’on puisse avoir comme référence des gays qui font du sport de compétition, et ce d’une façon très saine.

Le fait de venir aux Gay Games de Cologne était important pour toi ?

Oui ! Je suis flatté d’être là parce que c’est une superbe célébration. Je sens tous ces gens inspirés mettre beaucoup de passion et d’énergie dans ce qu’ils font. Il y a une ambiance, une fraternité que l’on ne sent pas aux JO, par exemple, où l’argent est omniprésent et où la seule chose qui compte est de gagner. Ici, l’on ressent vraiment que l’important c’est de participer !

Faut-il que tu travailles beaucoup pour rester au niveau d’un médaillé olympique ?

Il faut toujours beaucoup travailler mais je peux dire qu’aujourd’hui, je suis au-dessus de mon niveau de 2008. J’ai progressé et amélioré mes notes. J’ai aussi changé mes figures et je pense avoir atteint un niveau supérieur.

Au-delà du sport, aimerais-tu faire une carrière au cinéma ?

Je ne me sens pas vraiment attiré par le cinéma. Par contre, le journalisme me plaît beaucoup, j’ai très envie de pouvoir être présentateur, à la télé par exemple.

Présentateur dans le domaine sportif ?

Non, pas uniquement, j’ai envie de travailler dans le domaine de la musique, des news, du sport, de l’actualité en général. Et pourquoi pas en France !

Par Philippe Escalier

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